Redressement du pied : plâtres

La méthode Ponseti utilise des manipulations bien précises et délicates pour aligner le pied d’une façon progressive. Après chaque manipulation, un plâtre est confectionné afin de le maintenir dans la position de correction obtenue. Généralement, pour que la première phase de correction soit complète, il faut entre 4 et 8 semaines d’immobilisations où un plâtre par semaine est effectué lors de la visite. Dans la très grande majorité des cas une intervention mineure (geste chirurgical) sur le tendon d’Achille (ténotomie) est pratiquée. Après la réalisation de la ténotomie, le plâtre est maintenu pendant trois semaines.
Certains pieds bots sont non standards (appelés pieds bots atypiques) et peuvent parfois demander davantage de plâtres ou une prise en charge différente.

T01. Les plâtres

platres-piedbot-bibVotre enfant et vous devez vous rendre à une première consultation avec votre médecin, qui lui confectionne un plâtre. Ensuite, vous y retournerez chaque semaine pour faire enlever, puis remplacer, le plâtre. La réussite de la méthode Ponseti réside dans la délicatesse des manipulations et de la pose des plâtres. L’enfant ne doit pas souffrir, les parents ne doivent pas être stressés et l’équipe de soins ne doit pas travailler à la hâte. Il peut être utile que votre enfant ait un peu faim au moment de ces consultations hebdomadaires et que vous ayez alors un biberon à portée de la main. Un nourrisson est plus détendu durant la tétée, et la plupart des orthopédistes sont très heureux que sa mère lui donne un biberon ou le sein durant l’application du plâtre.
La confection d’un plâtre nécessite souvent deux membres de l’équipe, soit un qui manipule et tient le membre pendant que l’autre fait le plâtre. Bien que l’enfant puisse geindre durant la préparation du plâtre, ne vous en faites pas : ce n’est pas douloureux.

T02. Types d’immobilisations

Les immobilisations plâtrées peuvent être faites de divers matériaux, dont du plâtre de Paris et de la fibre de verre, rigide ou semi-rigide. Le médecin établit le matériau le mieux adapté à votre enfant.

T03. Confection des plâtres

Une fois l’enfant à l’aise, la jambe et le pied sont délicatement manipulés et placés dans une position de correction.

Avant ou après cette manipulation, on installe une chaussette ou une doublure pour recevoir le plâtre. Dans certains services, on confectionne le plâtre en une seule étape, alors que, dans d’autres, on procède en deux étapes : on fabrique d’abord la portion sous le genou, puis on prolonge le plâtre jusque dans le haut de la cuisse en immobilisant le genou en position détendue et fléchie. Ce long plâtre est essentiel au maintien de la position de correction du pied. Il sèche habituellement en quelques minutes. De cinq à dix minutes après la confection du plâtre, on vérifie si votre enfant est à l’aise et si ses orteils sont roses, signe d’une bonne circulation.

T04. Ténotomie

Avant d’appliquer le dernier plâtre, on pratique une petite incision juste au-dessus du talon pour sectionner le tendon d’Achille (ténotomie). Le médecin établit si cette procédure, appelée ténotomie, est nécessaire pour terminer la correction du pied bot.

La majorité des orthopédistes préfèrent effectuer la ténotomie en salle de consultation et sous anesthésie locale. Aucun point de suture n’est nécessaire, puisque l’incision ne fait que quelques millimètres. Il suffit d’un petit bandage pour couvrir l’incision avant la confection du plâtre. Une fois le plâtre sec et votre enfant examiné par le médecin, vous pouvez retourner à la maison. Le plâtre confectionné après une ténotomie doit être gardé trois semaines environ.

Certains enfants peuvent être perturbés par la procédure, mais se calment une fois que le plâtre est sec. Il est possible que le médecin prescrive un léger analgésique à votre enfant pour la première journée suivant cette intervention. Après 24 heures, il n’y a habituellement plus de malaise. Si l’enfant continue de pleurer, fait de la fièvre ou que vous croyez que son plâtre pose problème, communiquez immédiatement avec votre médecin.

T05. Entretien du plâtre

À chacune des consultations, vous recevez des directives sur l’entretien du plâtre et les soins de la peau. Il est très important de se rappeler que le plâtre n’est pas hydrofuge et qu’il doit donc être gardé propre et sec en permanence si vous voulez assurer le confort de votre enfant et éviter toute irritation cutanée. Les rappels suivants sont des directives générales pour l’entretien d’un plâtre. Le professionnel de la santé peut en avoir d’autres : assurez-vous de bien les prendre en note.

  • Gardez le plâtre propre et sec. L’humidité à l’intérieur du plâtre peut causer des problèmes cutanés tant mineurs que graves, comme une irruption cutanée ou de la macération.
  • Le changement de couche doit se faire avec le plus grand soin. On doit la changer souvent afin de prévenir toute fuite indésirable! La région la plus problématique est celle autour de la cuisse. Utilisez des couches jetables avec des protections supérieures contre les fuites ou, si vous utilisez des couches de coton, couvrez-les d’une culotte de plastique qui épouse bien la cuisse afin de garder le plâtre sec et propre.
  • N’insérez jamais d’objet dans le plâtre, puisque vous risquez d’endommager la peau. Une aiguille à tricoter ou une règle à mesurer insérée dans le plâtre peut en effet causer des plaies ou des éraflures, ce qui est propice à l’infection.
  • Surveillez votre enfant pour repérer tout changement qui pourrait être dû à un problème causé par le plâtre. Ces changements comprennent la couleur et l’état de la peau, l’odeur qui se dégage du plâtre ou un comportement plus geignard qu’à l’accoutumée.
Comment sait-on que tout se passe bien ?
Un enfant à l’aise qui réagit bien au plâtre :

  • bouge les jambes sans malaise;
  • présente une peau saine et de couleur normale autour et près du plâtre;
  • a les orteils de couleur normale et sans enflure;
  • peut geindre à l’occasion, mais est consolable.

T06. À la maison avec le premier plâtre

Votre enfant peut d’abord être agité, mais il devrait se calmer après la première nuit. Si vous avez l’impression que votre enfant souffre, vous pouvez lui donner un analgésique pour enfant, si votre médecin l’approuve. Si votre enfant ne se calme pas ou que l’analgésique ne semble pas faire effet, appelez votre médecin.

T07. Habillage de l’enfant

Le plâtre n’empêche généralement pas les enfants de porter un pantalon ou un pyjama, à condition qu’il soit ample. Ceux à boutons pression qui s’ouvrent complètement sont faciles à mettre et à enlever, puisqu’on évite ainsi d’avoir à tirer sur le vêtement. Un pantalon ample en tissu extensible avec élastique à la taille peut aussi très bien faire l’affaire. Certaines barboteuses sont assez amples pour passer par-dessus le plâtre; sinon vous pouvez couper une partie des pieds de la barboteuses et les remplacer par des chaussettes ou bottines souples pour garder les pieds de votre enfant au chaud.

T08. Toilette de l’enfant

L’enfant doit être lavé au gant de toilette afin d’éviter de mouiller le plâtre, puisque celui-ci n’est pas hydrofuge. Placez votre enfant dans le bain ou l’évier et gardez un bol d’eau tiède à portée de la main. Trempez la lingette ou le gant de toilette dans l’eau tiède, essorez-la, puis lavez l’enfant.

Vous pouvez aussi vous placer sur le rebord du bain. Mettez des shorts, assoyez-vous sur le rebord du bain, les pieds à l’intérieur, et placez votre enfant sur vos cuisses en couvrant son plâtre d’une serviette. Vous pouvez ainsi faire couler l’eau doucement tout en lavant les cheveux, le visage et le haut du corps de l’enfant. Puis, plus tard, vous pouvez laver le bas du corps à la lingette. En règle générale, les parents préfèrent cette méthode, qui est beaucoup plus rapide et moins éprouvante pour le dos que celles où ils doivent se pencher au-dessus de l’enfant, surtout quand l’enfant prend du poids !

T09. Retrait du plâtre

À la deuxième consultation, et à toutes celles qui suivent, le plâtre est enlevé.

La majorité des services préfèrent retirer le plâtre avec une pince coupante car la scie est souvent source de stress (bien qu’inoffensive). A cette occasion, il est important que l’enfant soit détendu (voir T03 – Confection du plâtre) afin que l’on puisse confectionner le nouveau plâtre dans de bonnes conditions.

Chaque semaine, le plâtre est enlevé, puis un autre est confectionné, et ce, jusqu’à ce que cette étape de la correction du pied bot soit terminée. Votre enfant et vous vous habituerez au plâtre et à ces consultations hebdomadaires. Vous serez aussi de plus en plus à l’aise avec les procédures. N’oubliez pas de consulter les conseils fournis sous « Votre première consultation » pour que vos consultations soient aussi détendues que possible.